L’école catholique

Un autre enjeu important pour l’AEFO est celui de la catholicité du réseau scolaire. Rappelons qu’au moment de la création des écoles secondaires publiques de langue française en 1968, les écoles élémentaires de langue française sont presque toutes catholiques. De concert avec d’autres organismes franco-ontariens, l’AEFO cherche donc à étendre les garanties concernant l’enseignement religieux des écoles élémentaires catholiques aux écoles secondaires publiques.

L’AEFO élabore sa philosophie à l’égard de l’enseignement religieux et de l’école catholique pour discussion à son congrès de 1978.

Une annonce surprise – le parachèvement

En 1984, le premier ministre ontarien Bill Davis prend toute la classe politique et l’opinion publique par surprise en proposant un projet de loi qui étend les subventions gouvernementales aux écoles catholiques aux 11e, 12e et 13e années. Jusque-là, les élèves qui fréquentaient les écoles catholiques après la 10e année devaient payer des frais de scolarité. C’est un gain majeur pour les catholiques de la province, anglophones et francophones. Les évêques et les associations éducatives catholiques avaient mené de nombreuses campagnes de pression, et ce jusque devant les tribunaux, afin de faire fléchir le gouvernement et obtenir le parachèvement du système scolaire catholique.

Dans ce document l’AEFO rapporte les points saillants de la déclaration de William Davis, premier ministre de l’Ontario, lors du dépôt du projet de loi qui étend le financement des écoles catholiques jusqu’à la fin du secondaire, le 12 juin 1984.Rappelons que l’AEFO, elle-même, s’était fait le chantre de l’école secondaire catholique et de langue française. C’est davantage plus par pragmatisme politique que par conviction qu’elle s’était ralliée, en 1968, à l’idée d’une école secondaire publique de langue française. Comme d’autres organisations du réseau associatif ontarien, elle voyait là un compromis honorable, mais temporaire.

Presque 20 ans plus tard, quand le premier ministre Bill Davis annonce le parachèvement du système catholique, la situation a bien changé et la population franco-ontarienne est désormais fort divisée sur la question de l’école secondaire de langue française. D’un côté, les écoles secondaires publiques de langue française font partie du paysage scolaire et, malgré certaines luttes douloureuses, l’opinion publique franco-ontarienne a évolué pour accepter le compromis de 1968. De l’autre, des dirigeantes et dirigeants du réseau associatif franco-ontarien, ainsi que des parents, continuent de souhaiter la mise en place d’un réseau intégral d’écoles catholiques de langue française, de la première à la 13e année.

L’AEFO reste neutre

L’AEFO ne prend pas position entre l’enseignement public ou catholique, laissant le libre choix aux parents. Elle se préoccupe davantage des répercussions sur les salaires et les conditions de travail qu’entraîne la mutation d’enseignantes ou d’enseignants de l’école secondaire publique à l’école secondaire catholique. En raison du fait que les écoles publiques ont été historiquement mieux financées que les écoles catholiques, les premières ont pu accorder à leur personnel enseignant de meilleures conditions de travail.

L’AEFO souhaite s’assurer qu’une enseignante ou un enseignant francophone embauché dans une école catholique ne soit pas défavorisé par rapport à ses collègues des écoles publiques. C’est d’autant plus important qu’un grand nombre d’écoles secondaires publiques sont transférées en bloc au système catholique, les enseignantes et les enseignants n’ayant d’autre choix que de suivre. L’AEFO fera donc de l’égalité des conditions de travail des enseignantes et des enseignants francophones dans les écoles secondaires publiques et catholiques un cheval de bataille important dans le milieu des années 1980.

Pour un financement équitable

Par ailleurs, l’extension du financement gouvernemental aux écoles secondaires catholiques ne règle pas la question de l’écart des revenus entre les écoles publiques et catholiques qui a de profondes répercussions sur les services éducatifs offerts par les conseils scolaires. Depuis toujours, les écoles catholiques n’ont pas accès aux taxes scolaires prélevées sur les compagnies et les industries, lesquelles sont versées entièrement aux écoles publiques. L’écart entre les revenus ne peut être comblé que par les octrois du gouvernement qui peut retirer ou réduire son appui par une décision législative.

À partir des années 1980 et 1990, l’AEFO réclame une réforme du mode de financement qui tienne compte des besoins et du nombre d’élèves plutôt que de la valeur des propriétés immobilières sur le territoire d’un district scolaire. Cette réforme tant attendue sera réalisée en 1997 par le gouvernement Harris, qui se réserve désormais la prérogative de distribuer les revenus de la taxe aux administrations scolaires selon un montant uniforme par élève.