Le plafond de verre

L’accès aux postes de direction

Un autre cheval de bataille pour le Comité de la femme en 1975 est celui de l’accès aux postes de direction. (Rappelons qu’à cette époque, et jusqu’en 1997, les directions et directions adjointes des écoles de langue française sont membres de l’AEFO.)

Bien que les femmes constituent depuis toujours la majorité du corps enseignant des écoles de langue française (et, au fil des ans, entre 66 % et 75 % des membres de l’AEFO), elles sont largement sous-représentées dans les postes de direction. Dans les années 1970, on met encore en doute la capacité des femmes d’être des leaders ou de faire de la discipline. Les hommes – ou même les femmes – accepteraient-elles l’autorité d’une femme?

Certains conseils scolaires n’annoncent pas les postes; les gestionnaires, pour la plupart des hommes, font les choix. Les femmes ont aussi du mal à être admises au programme de formation à la direction d’école, une exigence imposée par le ministère de l’Éducation à partir de 1969.

De nombreuses études réalisées par le Comité de la femme auprès des membres de l’AEFO démontrent aussi que les femmes identifient la nature même de l’emploi de direction d’école comme un obstacle. Aux prises avec une large part des obligations familiales, elles voient mal comment elles pourraient assumer des responsabilités accrues au travail.

Des interventions multiples

Sous l’impulsion de son Comité de la femme, l’AEFO agit donc sur plusieurs fronts. Elle diffuse auprès de ses membres des renseignements sur les postes de direction et sur les qualifications requises dans le but d’inciter les femmes à s’inscrire au programme de formation à la direction d’école. En août 1989 et 1990, elle offre aux femmes intéressées à se qualifier comme agentes de supervision un cours de préparation à l’examen pour l’obtention du brevet requis.

L’AEFO demande aussi la mise en place de programmes d’action positive en éducation, conformément aux directives émises par le gouvernement en 1973. Elle intervient auprès du ministère de l’Éducation et des conseils scolaires pour qu’ils mettent en place des politiques d’équité d’emploi en ce qui touche l’embauche et la promotion du personnel féminin. Dans des mémoires déposés à la Commission sur l’équité d’emploi (1992) et à la Commission royale sur l’éducation (1993), l’AEFO fait état des lacunes qui subsistent toujours en matière d’équité d’emploi pour les femmes et demande au ministère de l’Éducation d’agir pour corriger la situation.

Des résultats

Les statistiques compilées par le Comité de la femme en 1994 font état d’une amélioration de la situation. À l’été 1993, les femmes représentent 69 % des francophones inscrits au cours de formation à la direction d’école, comparativement à 18 % en 1979.

En 1993-1994, les femmes occupent 37 % des postes de direction d’école comparativement à 27 %, 10 ans plus tôt. Les femmes sont également beaucoup plus nombreuses à réussir l’examen pour le brevet d’agente ou d’agent de supervision.

L’AEFO n’est plus active dans ce dossier depuis 1997, année où le gouvernement a obligé les directions d’école à quitter le syndicat. Les directions et directions adjointes ne sont plus syndiquées, mais ont leur propre association professionnelle, l’Association des directions et directions adjointes des écoles franco-ontariennes (ADFO).