La période McGuinty
Une nouvelle ère
Après huit années tumultueuses sous le gouvernement conservateur de Mike Harris, l’arrivée au pouvoir du gouvernement libéral de Dalton McGuinty, en octobre 2003, signale le début d’une période de rapports plus harmonieux entre les syndicats enseignants et le gouvernement.
Élu grâce en partie au soutien actif des syndicats enseignants et soucieux de faire de l’éducation une des pierres angulaires de l’Ontario du futur, le premier ministre McGuinty prend rapidement plusieurs mesures pour renverser les réformes du gouvernement Harris, appuyer l’éducation et rétablir les ponts avec les syndicats. Plus encore, il crée de nombreux forums de consultation en éducation auxquels participe l’AEFO.
Le gouvernement McGuinty agit également en faveur de la communauté franco-ontarienne, entre autres en accordant une autonomie longtemps réclamée à TFO (un dossier dont l’AEFO assume le leadership), et en créant le poste de Commissaire aux services en français de l’Ontario.
D'autre part, l’AEFO continue d’intervenir auprès du gouvernement pour défendre les intérêts de ces membres. C’est ainsi qu’elle obtient, par exemple, la réduction du nombre de bulletins de rendement des élèves à l’élémentaire. Elle amène aussi le gouvernement à ralentir le rythme de ses nouvelles initiatives pédagogiques devenu essoufflant pour les enseignantes et enseignants à qui il revient de les mettre en œuvre.
Malgré ses efforts répétés, le syndicat ne réussit toutefois pas à infléchir la volonté du gouvernement de maintenir les tests standardisés et de mettre en vigueur le Programme d’apprentissage pour les jeunes enfants (PAJE) bien que les programmes de maternelles et de jardins d’enfants déjà offerts dans les écoles de langue française aient fait leurs preuves. Bref, l’harmonie n’est pas totale, mais le dialogue est constant.
La paix est rompue
La période de stabilité et de paix en éducation qui marque les huit premières années du gouvernement McGuinty commence à s’étioler à partir de 2011. Aux prises avec les séquelles de la récession de 2008 qui a durement touché le secteur manufacturier de l’Ontario, Dalton McGuinty fait de l’équilibre budgétaire sa priorité. Il signale aux syndicats sa volonté de réduire les dépenses dans les secteurs publics et parapublics, notamment en limitant les hausses de salaires.
En février 2012, le gouvernement convoque les syndicats enseignants et les conseils scolaires à une Table provinciale de négociation. Il fixe les paramètres financiers de la négociation, y compris un gel des salaires de deux ans, un gel de la progression sur la grille salariale et d’importantes modifications aux clauses touchant les congés de maladie. Les négociations se poursuivent sur plusieurs mois, mais devant l’intransigeance du gouvernement, l’AEFO quitte la Table provinciale en mai 2012.
Elle y revient finalement en juillet, lorsqu’il devient évident qu’à défaut d’une entente négociée, le gouvernement imposera ses conditions au personnel scolaire. En choisissant de négocier, l’AEFO obtient quelques adoucissements aux mesures proposées, entre autres le maintien de la progression sur la grille salariale pour les membres n’ayant pas atteint le maximum, ainsi que certaines améliorations non monétaires. Le gouvernement demeure toutefois intraitable en ce qui touche le gel des salaires de deux ans et le retrait temporaire du droit de grève.
Soumise au vote des membres, l’entente est ratifiée dans l’ensemble des unités.
Toutefois, les liens de confiance et de collaboration avec le gouvernement libéral sont rompus. Les mesures gouvernementales rappellent douloureusement l’époque Harris et de nouveau, les syndicats enseignants voient leurs acquis sociaux mis en péril par des politiques néolibérales.