Des débuts timides
Améliorer la condition enseignante
En 1945, « l’amélioration de la situation matérielle de ses membres » constitue un « but secondaire » de l’AEFO qui s’intéresse alors surtout aux questions pédagogiques. La situation commence à changer quand, quelques années plus tard, le gouvernement ontarien décide de regrouper les conseils scolaires répartis sur un même territoire.
L’AEFO doit alors protéger ses membres contre les risques de mutation et la perte d’avantages sociaux ou de salaire. En effet, les conditions de travail varient beaucoup d’un conseil scolaire à un autre, et les nouvelles administrations tentent d’étendre à l’ensemble du personnel enseignant les ententes contractuelles qui comportent le moins d’avantages sociaux et les salaires les moins élevés. L’AEFO s’y oppose vivement pour éviter à ses membres une dégradation de leurs conditions.
Déjà, à la fin des années 1940, l’AEFO tente de faire reconnaître certains principes comme celui du salaire uniforme à la ville et à la campagne et suggère aux enseignantes et aux enseignants de négocier avec les conseils scolaires un salaire selon une échelle qu’elle préconise. En 1947 par exemple, on fait savoir aux enseignantes et aux enseignants qu’il serait non professionnel de leur part d’accepter un salaire de moins de 1 500 $ par année.
Toutefois, l’action de l’AEFO demeure timide. Elle ne souhaite pas empiéter sur l’autonomie des communautés locales. De plus, elle s’inscrit toujours dans une conception traditionnelle de la profession enseignante, davantage considérée comme une vocation et marquée par le dévouement et le sens du devoir. Le discours d’ouverture du congrès de 1955 reflète bien la vision de l’AEFO à l’époque.
Difficile aujourd’hui d’imaginer les conditions de travail des enseignantes et des enseignants à l’époque où il n’y avait ni échelles salariales, ni négociations collectives, ni protection syndicale. Cet article publié dans la revue Le Chaînon, Vol. 27, Numéro 2, Printemps 2009, relate les expériences vécues par Henri A. Brunet, dont la carrière d’enseignant a commencé en 1934, cinq ans avant la fondation de l’AEFO.
Sudbury, 1951 : un premier pas
En décembre 1951, les enseignantes et les enseignants de Sudbury démissionnent en bloc. Sans droit de grève, ils n’ont d’autre recours que cette tactique risquée pour appuyer leurs revendications salariales. L’AEFO accepte de négocier en leur nom et, lors du congrès de 1952, il est déclaré que l’AEFO représentera les enseignantes et les enseignants pour la négociation des salaires. C’est une première étape vers la transformation de l’AEFO en organisation syndicale.
La parité salariale femmes-hommes
En 1957, l’AEFO, en collaboration avec l’Ontario English Catholic Teachers’ Association (OECTA), réussit à faire reconnaître le principe de la parité salariale entre hommes et femmes « À travail égal, salaire égal » dans les conventions collectives. Elle obtient aussi qu’une femme mariée ne soit pas congédiée sans raison valable.
Pour en savoir davantage sur le travail de l’AEFO pour améliorer les conditions de travail des femmes, consultez la section Feminisme de cette exposition.
Le salaire des religieuses et des religieux
Si elles travaillent ensemble pour obtenir la parité salariale pour les femmes, les deux associations professionnelles catholiques ne s’entendent pas sur la question des salaires des religieuses et des religieux. L’AEFO prône un salaire égal pour le personnel religieux et laïque, tandis que l’OECTA est en faveur d’accorder aux religieuses et religieux les deux tiers du salaire des laïcs.
L’aspect financier est au cœur du débat puisque le salaire inférieur versé au personnel religieux assure des économies importantes aux conseils catholiques. En 1964, on s’entend sur une mesure temporaire : une échelle salariale qui accorde aux religieuses et religieux une rémunération variant entre 66⅔ % et 85 % de celui du personnel laïc. L’AEFO espère que l’écart ira graduellement en s’amenuisant.
Avancement professionnel et salaires
Dès ses débuts, l’AEFO se préoccupe beaucoup de l’avancement professionnel de ses membres. Elle estime que l’accroissement des qualifications professionnelles des enseignantes et des enseignants francophones augmente la légitimité des écoles françaises et dément la croyance populaire voulant que les écoles françaises offrent un enseignement inférieur à celles de langue anglaise.
Dans les années 1960, l’AEFO, avec l’aide d’autres organisations éducatives franco-ontariennes, tente d’inciter ses membres à poursuivre leurs études ou à se perfectionner.
Une annonce dans le bulletin Entre Nous de mai 1974 incite les enseignantes et les enseignants à s’inscrire à des cours d’été.
Mais les interventions de l’AEFO dans ce dossier ne sont pas animées seulement par un souci d’améliorer la qualité de l’enseignement et de rehausser le statut des écoles de langue française. Bientôt, l’AEFO exige que les cours universitaires puissent servir à l’augmentation du salaire plutôt que l’expérience seule.
Pour en savoir davantage sur le travail de l’AEFO en matière de perfectionnement professionnel de ses membres, consultez la section Pédagogie de cette exposition.