Élargir l’espace francophone
Pour un réseau scolaire complet
Au moment de la fondation de l’AEFO en 1939, la paroisse et l’école constituent les pôles naturels de la vie communautaire franco-ontarienne. Mais, dès les années 1960, l’AEFO arrive à la conclusion que l’école doit s’inscrire dans un continuum plus large de services en français pour que les jeunes Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens puissent développer pleinement leur identité francophone.
Autrement dit, l’AEFO croit que le fait français ne pourra être préservé autrement que par la création d’un système scolaire de langue française complet, qui constituera le point d’ancrage de la communauté et s’arrimera à un milieu de vie français. Pour ce faire, il est impératif pour l’AEFO non seulement d’étendre le réseau scolaire francophone, mais aussi de multiplier les lieux et les occasions de vivre en français à l’extérieur de l’école.
Les collèges communautaires francophones
Lors de la fondation des premiers collèges communautaires, dans les années 1960, l’AEFO prône la création d’institutions francophones. Toutefois, la voix des francophones ne sera pas entendue et ceux-ci devront se contenter de programmes bilingues dans des institutions anglophones comme le collège Algonquin à Ottawa et le collège St. Lawrence à Cornwall.
À la fin des années 1980, l’AEFO soumet des mémoires au gouvernement pour réclamer la création de collèges professionnels et communautaires de langue française, essentiels selon elle pour préparer les jeunes francophones aux emplois plus spécialisés.
Le premier collège de technologie et d’arts appliqués de langue française, La Cité collégiale, ouvre ses portes à Ottawa en 1990. L’AEFO soutient particulièrement la création, en 1995, du Collège Boréal dans le Nord-Est de la province. L’AEFO est d’avis que la création de ce collège contribuera à la vitalité de la communauté francophone du Nord en évitant l’exode des jeunes vers d’autres régions de la province et en évitant qu’ils ne fassent leurs études professionnelles en anglais.
L’AEFO voit aussi, dans la création de collèges communautaires de langue française, un puissant moyen d’inciter les élèves francophones à terminer leurs études secondaires en français. Avant l’avènement de ces collèges, bon nombre d’élèves abandonnaient le système scolaire de langue française avant la fin du secondaire, afin, croyaient-ils, de mieux se préparer à poursuivre des études postsecondaires en anglais.
En 2012, l’AEFO applaudit les recommandations du Commissaire aux services en français de l’Ontario en faveur d’une amélioration de l’éducation postsecondaire en français dans le Centre-Sud-Ouest de la province.
La petite enfance
Si elle appuie la création d’institutions postsecondaires, l’AEFO est également consciente de l’importance d’offrir aux enfants un milieu de vie en français dès leur plus tendre enfance. Elle préconise le développement d’un réseau complet de garderies de langue française qu’elle voit comme le meilleur moyen de franciser les enfants avant leur entrée à l’école.
La garderie de langue française non seulement incite les parents à choisir l’école de langue française, mais prépare la réussite des élèves qui s’y inscrivent. Dans les années 2000, l’AEFO fait partie d’un regroupement qui milite en faveur de l’amélioration et de l’expansion des services en français pour les jeunes enfants et leurs familles.
Dans un mémoire présenté au gouvernement en 1998, l’AEFO s’associe à plusieurs organismes franco-ontariens pour réclamer de meilleurs services en français pour la petite enfance.
Les services en français
Pendant longtemps, l’AEFO et l’Association canadienne-française de l’Ontario (ACFO) sont les principaux porte-étendards de la communauté franco-ontarienne. Les revendications de la communauté touchent alors surtout le domaine de l’éducation.
Mais l’AEFO n’hésite pas à soutenir toutes les démarches en faveur de l’amélioration de l’ensemble des services qui touchent la communauté franco-ontarienne. À titre d’exemple, en 1976, l’AEFO intervient auprès du procureur général de la province pour revendiquer des services de justice en français. Elle agit alors de concert avec l’ACFO et la Fédération des femmes canadiennes-françaises (FFCF) et le Mouvement « C’est l’temps ». Dans le cadre de la campagne de désobéissance civile menée par ce dernier groupe, plusieurs Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens avaient écopé de peines de prison pour avoir refusé d’acquitter une contravention rédigée en anglais seulement.
À partir des années 1970, de nombreux organismes voient le jour dans divers secteurs d’activité de la communauté franco-ontarienne (arts, services de la santé, services sociaux, justice, jeunes, personnes aînées, etc.). Si l’AEFO n’assume pas toujours le leadership des dossiers dans des champs aussi divers, elle apporte souvent son soutien aux multiples revendications de la communauté francophone. Forte de ses 10 000 membres, de sa réputation historique de leader au sein de la communauté franco-ontarienne et de ses entrées dans le milieu politique, l’AEFO est en mesure d’apporter un appui de taille.
C’est ainsi qu’au cours des dernières années, l’AEFO soutient la cause de l’Hôpital Montfort d’Ottawa, menacé de fermeture par le gouvernement Harris. Elle comparaît devant le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) en appui à la radio communautaire francophone d’Ottawa. Elle s’oppose à la réduction des services de Radio-Canada à Windsor, appuie des groupes du domaine des arts dont les subventions sont menacées et réclame l’équité pour les services de garde en français à Ottawa. Elle invite ses membres à soutenir le projet d’une chaîne nationale de télévision de langue française et à s’objecter à ce que les entités de planification des services de santé en français n’aient qu’un pouvoir consultatif. Elle se prononce en faveur de rendre le poste de Commissaire aux services en français de l’Ontario redevable à la Législature ontarienne plutôt qu’au gouvernement au pouvoir.
Sur le plan local, les unités de l’AEFO soutiennent aussi les revendications et activités de la communauté francophone, que ce soit pour s’opposer à la fermeture de paroisses francophones dans le Sud-Ouest, pour appuyer une politique d’embauche de personnel bilingue à l’hôpital de Cornwall, ou pour apporter un soutien financier à une production de théâtre communautaire ou un Salon du livre.
Le fait de représenter, depuis 2004, des groupes de travailleuses et de travailleurs de professions autres que l’enseignement, amène aussi l’AEFO à élargir son champ d’action. Depuis quelques années par exemple, et notamment pendant la campagne électorale de 2011, elle met en lumière d’importantes lacunes dans le domaine des services de santé mentale en français pour les enfants, les jeunes et leur famille, et réclame des correctifs.