La lutte contre l’assimilation
Les années 1950, puis 1960, témoignent des préoccupations de l’AEFO concernant l’assimilation des francophones en Ontario. Les colloques de 1956 « La situation du français dans la province de l’Ontario » et de 1964 « La langue parlée : bastion de la survivance » reflètent le nouveau questionnement du rôle de l’école dans la transmission de la culture et de la langue françaises.
L’AEFO mène des enquêtes sur le terrain pour cerner le phénomène de l’assimilation et dépose des mémoires au gouvernement ou devant diverses commissions royales d’enquête pour proposer des solutions. L’une des premières études est menée en 1956 et contient d’importantes informations sur l’usage du français dans la famille, au travail et dans la vie sociale en général dans les régions de l’Est, du Nord-Est et du Sud-Ouest ontarien. L’étude démontre notamment que le milieu de vie à prédominance anglaise a des incidences sur l’assimilation et se répercute à l’école.
Un mémoire déposé en 1964 auprès de la Commission royale d’enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme, ainsi qu’une étude commandée par l’AEFO en 1990 dressent un constat semblable. Les perspectives de rétention du français s’améliorent dans les régions frontalières avec le Québec où le réseau institutionnel est plus diversifié.
Dans cette perspective, l’AEFO fait valoir l’importance d’offrir aux Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens l’accès à une éducation de langue française à tous les paliers d’enseignement, ainsi que d’assurer une formation adéquate aux enseignantes et aux enseignants de langue française.
En septembre 1990, l’AEFO présente les résultats de son étude sur la rétention du français chez les jeunes Franco-Ontariennes et Franco-Ontariens dans un mémoire à la Commission nationale d’étude sur l’assimilation.
Le souci de contrer l’assimilation sous-tend toutes les luttes menées par l’AEFO à partir des années 1960 pour la reconnaissance du statut du français à l’école, pour la création d’écoles secondaires de langue française financées par les fonds publics et finalement, pour la reconnaissance du droit des francophones de gérer eux-mêmes leurs institutions scolaires.
Dans un article paru dans la revue Le Chaînon au printemps 2009, André Pinard, ancien cadre à l’AEFO, illustre le nombre et la diversité des champs d’intervention de l’AEFO en dressant une liste des titres des communiqués de presse émis par l’Association pour janvier 1978 seulement.
À titre d’exemple du nombre et de la diversité des champs d’intervention de l’AEFO, voici les titres des communiqués de presse émis par l’Association pour janvier 1978 seulement :
- « Valorisation de la culture franco-ontarienne » annonçant la reprise par l’AEFO du concours de français;
- « En français, s’il vous plaît » décriant la distribution en anglais de la circulaire sur la programmation scolaire (HSI) dans les écoles secondaires de langue française et invitant les écoles à boycotter toute rencontre avec le Ministre jusqu’à ce que la situation soit rectifiée;
- « Passons à l’action M. Frank Miller » demandant que les élèves francophones aient accès à des services de santé en français à l’école;
- « Trop peu de personnel francophone au ministère de l’Éducation » déplorant le peu d’efforts du gouvernement pour recruter des francophones afin de travailler au sein de son ministère;
- « L’AEFO invite ses membres à l’action » dans lequel l’Association annonce la création de comités régionaux de concertation en vue de l’amélioration des services en français;
- « Sondage sur l’admission des anglophones dans les écoles de langue française » expliquant qu’elle mènera un sondage provincial pour déterminer le nombre d’élèves anglophones inscrits dans nos écoles de langue française; et enfin,
- « Le français doit être obligatoire pour les francophones au secondaire » revendiquant la reconnaissance de l’étude du français dans nos écoles au même titre que l’anglais dans les écoles de langue anglaise.