Les congés de maternité

Cachez ce ventre!

C’est difficile à imaginer aujourd’hui, mais dans les années 1950, la plupart des conseils scolaires obligent les femmes à démissionner dès qu’elles sont enceintes. Ceux qui permettent aux femmes enceintes de continuer à travailler, les obligent à quitter dès que leur grossesse devient apparente. Non seulement considère-t-on comme scandaleuse la présence d’une enseignante enceinte dans une salle de classe, on estime aussi trop dangereux pour une femme de continuer à travailler dans sa « situation délicate ».

La notion d’un congé de maternité n’existe pas. Comme les hommes, les femmes peuvent s’absenter du travail jusqu’à 20 jours pour des raisons de maladie ou de « troubles dentaires ». Mais la grossesse ne constitue pas un motif valable.

Les femmes avec des enfants qui souhaitent revenir au travail font également face à de nombreux obstacles. Un gestionnaire – majoritairement des hommes - qui estime que la place d’une mère est à la maison peut bloquer son retour au travail. Les femmes qui réussissent à se faire réembaucher se trouvent au bas de l’échelle salariale ou se font offrir des postes à temps partiel avec peu de chance d’accéder à un poste à temps plein.

Une entente avant-gardiste

En 1957, l’AEFO réalise donc un gain d’importance pour les enseignantes en négociant, avec l’Association des commissaires des écoles bilingues de l’Ontario (ACEBO), une entente (lien 4.1.3) qui institue des congés de maternité. Il s’agit pour l’époque d’une entente très novatrice, même si elle ne comporte aucune clause de rémunération pendant le congé. L’entente prévoit toutefois qu’une femme peut revenir au travail après un congé d’une durée maximum de deux ans. Elle n’est plus tenue de démissionner.

Les dispositions de l’entente sur les congés de maternité font l’objet d’un article préparé conjointement par l’AEFO et l’ACEBO et publié dans la revue de l’AEFO, L’École ontarienne, en 1962.

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Il faudra attendre en décembre 1970 pour que le gouvernement provincial adopte la Loi sur l’égalité des chances pour les femmes. Cette loi oblige les employeurs à accorder un congé de maternité de 17 semaines et interdit toute discrimination basée sur le sexe ou le statut matrimonial en ce qui touche l’embauche, le congédiement, la formation et la promotion. En dépit de ces garanties législatives, l’AEFO doit continuer de défendre les enseignantes face à des conseils scolaires qui tentent de contourner la loi, et ce pendant plusieurs années.

Depuis 1970, de nombreuses améliorations ont été apportées aux congés de maternité. Aujourd’hui, par exemple, une enseignante en congé de maternité continue d’accumuler de l’expérience aux fins de la sécurité d’emploi, de l’ancienneté et de l’expérience à des fins salariales.

L’enseignante a également droit à des prestations supplémentaires d’assurance-emploi (PSAE) qui lui permettent de toucher entre 70 % et 95 % de son salaire pendant une période allant jusqu’à 17 semaines.

Un nouveau gain d’importance a été négocié en 2013, soit huit semaines à 100 % de leur salaire pour les enseignantes suppléantes qui commencent un congé de maternité pendant une affectation de suppléance à long terme. De plus, les nouvelles dispositions relatives aux congés de maladie contenues dans les conventions collectives de 2012 protègent davantage les enseignantes pour qui la grossesse ou l'accouchement entraîne des complications médicales.