Une action politique renouvelée
Le Comité d’organisation et d’orientation politique
Le militantisme syndical n’est pas la seule voie empruntée par l’AEFO pour faire entendre sa voix et remporter les causes qu’elle défend. L’action politique constitue une autre stratégie.
En 1974, l’AEFO fonde le Comité d’organisation et d’orientation politique. Cette initiative vise à contrecarrer les mesures antisyndicales du gouvernement de l’époque et aussi à favoriser l’expansion de l’enseignement en français par une meilleure représentation francophone au sein des conseils municipaux et des conseils scolaires.
L’AEFO encourage ses unités à former des comités électoraux. Lors d’élections scolaires, municipales et provinciales, elle met à leur disposition des fonds pour réunir leurs membres afin de discuter des enjeux éducatifs et d’interpeler les candidates et les candidats sur les questions éducatives.
L’AEFO incite ses membres à voter pour les partis ou les individus favorables à l’éducation de langue française.
Un programme de relations gouvernementales
Au fil des ans, l’AEFO entretient des rapports avec les principaux partis politiques provinciaux, les invitant à l’occasion à présenter leurs positions lors des congrès ou autres assemblées. L’AEFO établit aussi des liens étroits avec la ou le ministre et le ministère de l’Éducation pour faire entendre la voix des enseignantes et des enseignants franco-ontariens.
À partir des années 1980, le comité exécutif de l’AEFO organise annuellement une « rencontre au sommet » avec la ou le ministre de l’Éducation pour sensibiliser le pouvoir politique aux besoins du personnel enseignant et des élèves franco-ontariens. Elle invite aussi la ou le ministre de l’Éducation à prendre la parole devant l’ensemble des déléguées et délégués lors de l’assemblée annuelle (maintenant appelée congrès). L’AEFO maintient cette pratique même pendant les années mouvementées de la « Révolution du bon sens ».
Alors que d’autres syndicats enseignants retirent leurs invitations à la Ministre ou au Ministre dans des périodes difficiles, l’AEFO continue de les recevoir à son assemblée annuelle.
L’AEFO incite ses membres à voter aux élections du 3 juin 1999. L’Association espère la défaite du gouvernement conservateur de Mike Harris, mais ce dernier sera reporté au pouvoir pour un deuxième mandat.
Au congrès de mars 2000, la ministre conservatrice de l’Éducation, Janet Ecker, a droit aux critiques en règle des membres de l’AEFO.
Pendant la campagne électorale de 2003, l’AEFO fait part à ses membres de l’intention des conservateurs dirigés par Ernie Eves d’abolir le droit de grève des enseignantes et des enseignants s’ils sont reportés au pouvoir.
L’AEFO ouvre la porte à la politique partisane
Bien qu’elle soit active sur le plan politique, l’AEFO a comme ligne de conduite de ne pas faire de politique partisane. Elle ne peut donc se prononcer carrément pour ou contre le programme d’un parti politique ou inciter ses membres à voter pour ou contre un parti ou des candidates et candidats. Cette ligne de conduite s’avère difficile à respecter pendant les années au pouvoir des conservateurs sous Mike Harris.
Lors des campagnes électorales de 1999 et de 2003, il est en effet bien malaisé pour l’AEFO de ne pas inciter ses membres à défaire un gouvernement qui a fait tant de tort à la profession enseignante et à l’éducation ou pour répondre clairement aux questions des journalistes qui demandent si l’AEFO souhaite la défaite des conservateurs.
En 2006, l’AEFO se donne donc une plus grande latitude pour intervenir sur le plan politique. Dorénavant, elle « doit informer ses membres et les inciter à une action concertée », ce qui lui permet, au besoin, de prendre position en faveur d’un parti ou de candidates et candidats particuliers. C’est toutefois une option qu’elle exercera avec retenue, en respectant toujours le droit de ses membres d’exercer librement leur droit de vote.
En 2008, l’AEFO se dote d’un comité provincial de consultation sur l’action politique dont le mandat est de :
- recommander au comité exécutif les actions à prendre dans le domaine de l’action politique y inclus dans le cadre des élections provinciales;
- recommander au comité exécutif le type de formation à offrir dans le domaine de l’action politique.
Une action politique plus musclée
À partir de la campagne électorale de 2007, l’AEFO mène une action politique plus soutenue et travaille de concert avec les autres syndicats enseignants qui ont une plus longue tradition d’activisme politique en période électorale. Dans le cadre de cette campagne, elle publie un plan d’avenir pour l’éducation franco-ontarienne intitulé « Une école à notre image ».
Le document vise à faire connaître les revendications de l’AEFO à ses membres afin que ceux-ci interrogent les politiciennes et les politiciens sur la place publique sur leur programme en matière d’éducation de langue française et de services en français. Le document est largement distribué au sein des divers partis politiques, de même qu’auprès des intervenantes et intervenants du domaine de l’éducation, notamment les conseils scolaires.
L’AEFO incite aussi les responsables d’unité à s’engager activement dans la campagne électorale à l’échelon local, leur fournit de la formation et met à leur disposition des ressources financières et des outils.C’est l’occasion pour les membres d’exprimer devant la ou le Ministre et devant les médias, leurs préoccupations face à ce qu’ils vivent en salle de classe à cause des politiques gouvernementales.
L’engagement politique de l’AEFO prend davantage d’ampleur pendant la campagne électorale de 2011. L’AEFO invite les trois principaux partis à prendre la parole au congrès spécial de mars 2011.
Elle offre, en collaboration avec l’Ontario English Catholic Teachers’ Association (OECTA), une session de formation politique à ses leaders provinciaux et locaux.
De concert avec les autres syndicats enseignants, elle identifie des candidates et candidats qui méritent un appui et fournit à ses unités des ressources financières pour leur permettre de travailler activement à les soutenir. L’AEFO distribue aussi un document mettant en lumière cinq enjeux qu’elle juge importants, notamment la question des services de santé mentale en français pour les enfants et les ados.
Lobbying 101
Vu l’importance croissante de son action politique, l’AEFO sent le besoin au début des années 2000 de retenir les services d’un consultant en relations gouvernementales pour l’appuyer dans ses démarches de lobbying à Queen’s Park. Des rencontres ont lieu régulièrement avec des députées et députés des trois partis et l’AEFO est représentée à diverses activités de nature politique.
En 2009 et 2010, l’AEFO donne l’occasion à ses dirigeantes et dirigeants provinciaux et locaux de s’initier au lobbying politique en organisant une « Journée de lobbying de l’AEFO » à Queens’ Park. Ces journées font connaître à bon nombre de politiciennes et de politiciens la position de l’AEFO sur divers enjeux qui touchent ses membres et la francophonie, tout en permettant aux dirigeantes et dirigeants de l’AEFO de mieux comprendre l’importance du rôle que joue le syndicat sur le plan politique.